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Shirley Carter-Thomas. Le cahier de laboratoire électronique (ou la science en train de se faire) : une analyse linguistique. Séminaire histoire des sciences, histoire du texte. “Approches historiques et linguistiques à la production de textes scientifiques – Historical and linguistic approaches to the production of texts”, Laboratoire Sphere (History of Sciences, History of Text), Université Paris-Diderot, Nov 2017, Paris, France.

Date de publication
24 janvier 2023
Catégories
dans
Auteur
par Shirley Carter-Thomas

Les nouveaux médias ont profondément impacté les pratiques des scientifiques dans leur travail de recherche et sa narration. Dans cette communication l’accent sera mis sur la façon dont la recherche est présentée et narrée dans un projet de “Open Notebook Science” et plus précisément sur l’analyse du cahier électronique d’un jeune chercheur américain en bioinformatique à l’université de Boston( see www.jeremiahfaith.com/open_notebook_science/jeremiah_faith_lab_notebook.pdf). Si les cahiers ‘papier’ ont toujours existé, ils sont difficiles d’accès pour toute personne extérieure au laboratoire concerné, car ils ne sortent jamais du laboratoire et sont parfois même conservés dans un coffre. Toutefois, avec le développement du mouvement de la science ouverte, ou Open Science, la situation commence à évoluer. Certains chercheurs ont mis leurs cahiers en ligne afin de partager aussi bien leurs données que leurs réussites et leurs échecs avec leurs confrères. Ces cahiers fournissent ainsi un aperçu des aspects de la recherche scientifiques souvent difficilement accessibles jusqu’ici. Afin de cerner les spécificités linguistiques du cahier de laboratoire électronique, deux séries de comparaisons seront faites. La première partie de l’exposé sera consacrée à une comparaison intergenre. Comme le cahier constitue la première trace écrite de la recherche, bien en amont de l’article de recherche, Il est intéressant de comparer les deux genres. Une analyse des principaux traits linguistiques et pragmatiques du cahier permet d’évaluer les nombreuses adaptations et modifications nécessaires afin de transformer ce compte rendu journalier de recherches en un article publiable. L’analyse démontre le caractère très spécifique de ses principaux traits linguistiques par rapport à ceux associés à l’article de recherche, et surtout la nature très provisoire et perfectible de la recherche quotidienne décrite dans le cahier. La deuxième partie de la communication sera consacrée à une comparaison intragenre. Le changement du support de communication, et plus précisément le transfert d’un document manuscrit vers le web, peut aussi nécessiter des adaptations considérables. Il est ainsi légitime de se demander si les traits narratifs et linguistiques identifiés comme spécifiques au cahier de laboratoire sont communs à la fois au cahier papier et au cahier électronique. Dans quelle mesure les cahiers électroniques profitent ils des ‘affordances’ du web ? Nos analyses (cf. CarterThomas et RowleyJolivet 2017) suggèrent que même si certains traits communs sont bien présents, la migration du cahier vers le web nécessite de la part des chercheurs concernés un effort conscient de mise en scène et de réécriture pour rendre le texte plus accessible aux autres.