Pierre-Antoine Chardel. Le jeu de l’identité et des différences à l’ère numérique. Rencontre 5. Identitésss de l’humain qui vient : Corps, Genres, cyborgs, Ecole supérieure d’Art et de Design de Reims; Sciences Po – Reims, Jan 2020, Reims, France.

Ce que les dispositifs technologiques rendent possible aujourd’hui, à savoir un état d’identification permanente des subjectivités dans leur vie quotidienne, ne doit pas nous faire négliger les éléments hétérogènes qui contribuent à définir l’identité (toujours plurielle) d’une personne. C’est une telle conception de l’identité que nous devons assurément continuer à cultiver à l’ère numérique, en offrant aux subjectivités la possibilité de s’inventer des « territoires existentiels » (Félix Guattari) hétérogènes. Un enjeu éthico-politique de taille se révèle ainsi, car c’est dans une telle liberté d’être ou d’apparaître en réseau que se justifie l’existence d’une personne, qui est censée accéder librement au fait de pouvoir toujours s’éprouver comme étant « soi-même comme un autre » (Paul Ricoeur). Offrir aux individus les moyens de se penser comme des sujets autonomes et créatifs, est une manière de rappeler que l’expérience de l’agir repose sur une certaine capacité d’assumer des lignes de fuite.