Dès que nous nous adressons à d’autres personnes, nous sommes toujours susceptibles de faire l’épreuve du malentendu, de l’incertitude ou de l’ambiguïté. C’est là que se révèle l’épreuve de l’altérité, qui constitue toujours un défi pour l’expérience humaine autant que pour la réalité sociale. Un tel défi est aussi complexe qu’exaltant. Il ne peut, en aucune façon, se voir annuler par les possibilités qu’offrent les médiations technologiques qui nous accompagnent désormais dans la plupart des moments de notre existence. Car les technologies de l’information et de la communication nous rapprochent autant qu’elles nous éloignent. Et l’impression de pouvoir nous rapprocher virtuellement les uns des autres ne dit rien de la distance qui nous sépare toujours d’Autrui. La recherche d’une transparence communicationnelle constitue même le plus souvent un facteur d’accentuation de redoutables contradictions qui vont jusqu’à instaurer des situations d’acommunication. Or la reconnaissance de telles tensions doit nous encourager à déployer nos efforts pour créer les conditions d’un bon agir télé-communicationnel en nous incitant à séparer la pulsion communicationnelle à la demande de reconnaissance qui est inhérente au fait de parler.

Pierre-Antoine Chardel. La communication et ses écarts. Réflexions sur les limites de l’idéalisme technologique. Hermès, La Revue – Cognition, communication, politique, 2019, 84, pp.31 – 37. ⟨10.3917/herm.084.0031⟩.
- Date de publication
- 21 octobre 2019
- Catégories
- dans
- Auteur
- par Pierre-Antoine Chardel