Parmi les grands défis que pose la crise environnementale aujourd’hui d’un point de vue épistémologique, et particulièrement face à la complexité et au volume des données et d’informations scientifiques qui sont à notre disposition, le rôle des expériences sensibles est décisif. Cet article souligne que c’est par elles qu’il devient possible de créer des dynamiques collectives singulières d’un point de vue éthique. L’une de nos hypothèses est que l’attention à ce qui est commun se construit ; elle ne se décrète pas mais s’organise de manière sensible. Cela implique d’identifier des leviers d’action qui consistent notamment à allier des expériences esthétiques et les approches scientifiques en vue de générer des pratiques perceptives nouvelles, se voulant plus « englobantes ». Avec certains outils de virtualisation, nous basant entre autres sur des images satellites et des simulations numériques construites à partir d’observations de la Terre, c’est la part sensible de notre coexistence avec les environnements naturels que nous pouvons plus franchement reconquérir. Leur apprentissage et leur développement est crucial pour accentuer nos capacités d’agir de manière responsable dans un monde complexe et globalisé. Cela, en sachant que la profondeur de ce qui advient n’est réductible, ni à une forme, ni à une donnée. À nous, par conséquent, d’engager avec des modes d’appréhension du monde qui soient suffisamment variés et créatifs.
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Pierre-Antoine Chardel, Emeline Gougeon, Jacques Verron. Politique du sensible et économie des affects dans la crise environnementale. Enjeux épistémologiques, esthétiques et éthiques. Revue française d’éthique appliquée, 2021, Être touché. Éthique, épistémologie et politique des affects en temps de crise, 11, pp.78-92. ⟨10.3917/rfeap.011.0078⟩.
- Date de publication
- 17 janvier 2022
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- Auteur
- par Pierre-Antoine Chardel