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Jean-Luc Moriceau, Madeleine Besson, Marie-Anne Bia Figueiredo, Géraldine Guérillot. L’espace agile, oasis ou mirage ? Mise en perspective de quelques difficultés et paradoxes pour les travailleurs. Terminal. Technologie de l’information, culture & société, 2020, La société numérique : Séminaire M@rsouin 2019, 128, ⟨10.4000/terminal.6537⟩.

Date de publication
11 décembre 2019
Catégories
dans
Auteur
par Jean-Luc Moriceau

Que se passe-t-il concernant la vie au travail lorsque les locaux de l’entreprise sont conçus pour favoriser l’agilité organisationnelle ? D’un côté, les méthodes de management agiles promeuvent une reconfiguration permanente, un mouvement perpétuel, et valorisent la déterritorialisation et le nomadisme ; de l’autre, le tournant vers la spatialité rappelle l’importance du lieu où s’installer et du territoire. En prenant le cas d’un nouveau bâtiment d’une grande banque française conçu pour rendre agile l’espace de travail, nous contrastons les discours des managers et employés avec les affects qui naissent lors de l’observation dans les lieux. Les affects trahissent les créations d’espacements (spacings), les usages mineurs de l’espace commun régulé et policé par l’ordre agile. Les discours sur l’agilité ont tendance à effacer les multiples facettes de l’environnement de travail, en sous-estimant le rôle des affects, du territoire, de la mémoire et du statut. Les salariés peinent à vivre dans des espaces sans trace, sans histoire, ni investissement émotionnel. Pour être attractifs et habitables, les espaces du management agile gagneront sans doute à apprendre aussi à faire lieu, à se conjuguer avec des territoires et des mémoires.